« Nous sommes à Montmartre au tout début des années trente. Parmi les gens de la Rue, trois êtres, trois personnages : Alain, le petit garçon, sa mère, une femme vieillissante, et l'amant de cette dernière, Vincent, le bel Africain, jazzman et sportif. Au début de cette liaison, Alain déteste l'intrus. Il connaît des tourments fondés sur des confusions, des idées vagues et fausses. Autour de ces trois hôtes de l'arrière-boutique d'une épicerie-buvette, toutes sortes de gens : de l'amateur de boissons anisées aux bonnes dames qui font leurs courses, des copains d'Alain aux amis de celui qu'on appelle le nègre.

Chaque journée est une petite aventure. Quelles vont être les relations d'Alain, l'enfant fragile, et de ce Noir costaud et plein de fantaisie ? Là, il faut compter sur la rencontre d'une enfance d'âge et d'une enfance de coeur. Ira-t-on de la détestation à la tendresse ? Rien n'est facile. Une confidence d'auteur : j'ai vécu cette histoire et je la rapporte avec fidélité. Sans doute, le temps d'une saison, Alain a-t-il trouvé là sa conception de la vie, des rapports humains. Je me suis bien gardé de toute démonstration, de tout didactisme.

Il s'agit, avant tout, d'un roman fort proche de ceux que j'ai écrits en choisissant mes lieux préférés, un temps qui porte de la nostalgie, une action délimitée, ces trois unités... Et si ce roman d'hier concernait notre aujourd'hui ? La tendresse est de toutes les époques. »

Alain passe pour être plus souvent dans la lune que sur son banc d'écolier, ses camarades l'appellent « Tout-fou »et les grandes personnes proclament qu'il est à l'âge bête. Quant à la question classique sur ses projets d'avenir, il répond, selon les jours, qu'il sera ténor ou général de cuirassiers.
En fait d'âge bête, Alain est surtout à cette période exaltante et terrible, hantée de joies et d'affreux tourments, qui est celle de l'enfance. Il n'a pas la tête vide, fêlée ou farfelue que l'on pourrait croire : il accomplit seulement l'apprentissage de la vie à sa façon de petit garçon solitaire et réfléchi qui rêve longuement sur les bizarreries du monde pour tenter d'en déchiffrer le mystère.
Et c'est vrai que l'existence offre bien des énigmes ? comme la présence de Vincent le nègre, par exemple, dans l'épicerie-buvette que tient sa mère au flanc de la Butte Montmartre. Il y a là quelque chose d'indéfinissable qui hérisse Alain. Le temps qu'il s'apprivoise sera aussi le temps qu'il mettra à soulever un coin du voile où s'enveloppe l'univers des adultes : initiation merveilleuse et troublante dans le cadre du vieux Paris pauvre et familier.

« Nous sommes à Montmartre au tout début des années trente. Parmi les gens de la Rue, trois êtres, trois personnages : Alain, le petit garçon, sa mère, une femme vieillissante, et l'amant de cette dernière, Vincent, le bel Africain, jazzman et sportif. Au début de cette liaison, Alain déteste l'intrus. Il connaît des tourments fondés sur des confusions, des idées vagues et fausses. Autour de ces trois hôtes de l'arrière-boutique d'une épicerie-buvette, toutes sortes de gens : de l'amateur de boissons anisées aux bonnes dames qui font leurs courses, des copains d'Alain aux amis de celui qu'on appelle le nègre.

Chaque journée est une petite aventure. Quelles vont être les relations d'Alain, l'enfant fragile, et de ce Noir costaud et plein de fantaisie ? Là, il faut compter sur la rencontre d'une enfance d'âge et d'une enfance de coeur. Ira-t-on de la détestation à la tendresse ? Rien n'est facile. Une confidence d'auteur : j'ai vécu cette histoire et je la rapporte avec fidélité. Sans doute, le temps d'une saison, Alain a-t-il trouvé là sa conception de la vie, des rapports humains. Je me suis bien gardé de toute démonstration, de tout didactisme.

Il s'agit, avant tout, d'un roman fort proche de ceux que j'ai écrits en choisissant mes lieux préférés, un temps qui porte de la nostalgie, une action délimitée, ces trois unités... Et si ce roman d'hier concernait notre aujourd'hui ? La tendresse est de toutes les époques. »

Alain passe pour être plus souvent dans la lune que sur son banc d'écolier, ses camarades l'appellent « Tout-fou »et les grandes personnes proclament qu'il est à l'âge bête. Quant à la question classique sur ses projets d'avenir, il répond, selon les jours, qu'il sera ténor ou général de cuirassiers.
En fait d'âge bête, Alain est surtout à cette période exaltante et terrible, hantée de joies et d'affreux tourments, qui est celle de l'enfance. Il n'a pas la tête vide, fêlée ou farfelue que l'on pourrait croire : il accomplit seulement l'apprentissage de la vie à sa façon de petit garçon solitaire et réfléchi qui rêve longuement sur les bizarreries du monde pour tenter d'en déchiffrer le mystère.
Et c'est vrai que l'existence offre bien des énigmes ? comme la présence de Vincent le nègre, par exemple, dans l'épicerie-buvette que tient sa mère au flanc de la Butte Montmartre. Il y a là quelque chose d'indéfinissable qui hérisse Alain. Le temps qu'il s'apprivoise sera aussi le temps qu'il mettra à soulever un coin du voile où s'enveloppe l'univers des adultes : initiation merveilleuse et troublante dans le cadre du vieux Paris pauvre et familier.