Peut-on s'enflammer, lorsqu’on a comme Viviane Rivet l’âge de raison largement dépassé, pour quelqu'un croisé à l'Opéra, après trente ans de brouille ? La représentation qu'on donne ce soir-là, Eugène Onéguine, y est-elle pour quelque chose puisqu'elle raconte exactement la même histoire ?
La narratrice, qui depuis l'enfance est l'inséparable complice de Viviane, se retrouve en position d'essayer de la raisonner. Ainsi prend-elle la mesure du temps qui a passé, de ses propres renoncements, alors que Viviane, qui ne se voit pas vieillir, qui vit "sur quatre générations" comme elle dit, avec une vieille tante, des enfants et des petits-enfants qu'elle adore, avec un métier qu'elle a choisi et qu'elle choisirait encore – elle est libraire –, continue de croire que tout est encore ouvert. Antoine Fournier, cet homme passionnant mais pas passionné, a-t-il cette fois-ci quelque chose à offrir à Viviane ? Est-on, trente ans après, celui qu'on était ? Une amie peut-elle être objective ? À l'occasion de cette rencontre, que l'une juge heureuse et l'autre pas, les différences entre les deux femmes, s'accentuent. Comment se raconte-t-on sa vie ? Deux visions du monde, trois même si on ajoute celle d'Antoine et quatre si on tient compte de celle de Pouchkine.